Sainte Faustine a écrit le Petit Journal à la demande du Seigneur. Jésus lui disait : « Secrétaire de mon plus profond mystère, sache que tu es avec Moi dans une intimité exclusive. Ton devoir est d’écrire tout ce que Je te fais connaître à propos de ma Miséricorde au profit des âmes qui en lisant ces écrits seront consolées et auront le courage de s’approcher de Moi. Je désire donc que tu consacres tous tes moments libres à écrire. » (Petit Journal 1693).
Nous rentrons dans la période du Carême. Laissons-nous imprégner par ces quelques extraits du Petit Journal (en gras dans cet article) dans lesquels sainte Faustine nous parle du Carême qu’elle vivait intensément en union avec Jésus.
Chaque année, le Carême se propose à nous comme « un pèlerinage (…) de conversion et de renouvellement spirituel[1] » pour « nous préparer à revivre le grand mystère de la mort et de la résurrection du Christ[2] ». C’est donc un temps propice à l’intensification de la prière et de la pénitence pour nous libérer de tout ce qui nous éloigne de Dieu et ouvrir notre cœur pour accueillir son Amour et sa Miséricorde pour nous et les autres.
Comment sainte Faustine vivait le Carême ? Que pouvons-nous faire nous aussi pour bien nous préparer à vivre la Semaine Sainte, la fête de Pâques et la fête de la Miséricorde Divine ?
Le Carême, temps propice pour méditer la Passion du Seigneur
Avant tout, le plus important est de méditer la Passion du Seigneur. Sainte Faustine écrivait: «Je vois dans la Passion du Seigneur tout un océan de Miséricorde » (Petit Journal 748). Et le Christ lui confiait : « Il y a peu d’âmes qui méditent ma Passion avec une véritable compassion. J’accorde les plus grandes grâces aux âmes qui méditent pieusement ma Passion » (Petit Journal 737).
Nous pouvons prendre un peu de temps pour faire cette méditation. Nous pouvons aussi la faire tout en accomplissant les actes de notre vie quotidienne. Ainsi, sainte Faustine écrit en 1936, dans son Petit Journal : « Au début du Carême, je priai mon confesseur de me donner une mortification pour le temps du Carême et j’ai reçu celle de ne rien retrancher de mes repas, mais de me rappeler, quand je vais manger, que Jésus a accepté le vinaigre avec le fiel : ce sera ma mortification. Je ne savais pas que j’allais y trouver un si grand avantage pour mon âme. Cet avantage est de méditer constamment la douloureuse Passion du Seigneur, et ainsi, pendant les repas, je ne fais pas attention à ce que je mange, mais je pense à la mort de mon Seigneur. » (Petit Journal 618)
N.B. Vous trouverez dans le livre Jésus, Roi de Miséricorde, la prière du chemin de Croix, le condensé des évangiles de la Passion et des méditations sur la Passion du Seigneur.
Prier et offrir de « petits » sacrifices pour le salut des âmes
La méditation de la Passion du Seigneur nous conduit aussi à prier pour le salut des âmes. C’est un acte de charité chrétienne élémentaire ! Il est vraiment important de prier pour le salut des uns et des autres ! Pendant ce temps privilégié du Carême, nous pouvons réciter le chapelet à la Miséricorde Divine, offrir notre journée, les tâches ingrates de notre vie quotidienne ou encore nos petits sacrifices (comme le jeûne chaque vendredi du Carême, ou pendant la semaine sainte) en union au Christ pour le salut des âmes.
Ainsi, sainte Faustine note en 1937 dans son Petit Journal : « Petites pratiques pour le Carême. Je ne puis plus m’imposer de grandes mortifications comme auparavant, malgré mon grand désir, car je suis sous strict contrôle médical, mais je peux pratiquer de petites choses : dormir sans oreiller ; avoir un peu faim ; chaque jour réciter le chapelet que le Seigneur m’a appris, les bras en croix ; parfois prier les bras en croix pendant un temps indéterminé sans formuler ma prière. L’intention : obtenir aux pauvres pécheurs la Miséricorde Divine et aux prêtres la puissance de briser les cœurs des pécheurs » (Petit Journal 934) – en effet, nous dit sainte Faustine, « Le Carême, c’est pour les prêtres une façon particulière de travailler, il faut leur venir en aide pour sauver les âmes » (Petit Journal 931).
Il ne s’agit donc pas forcément de bouleverser notre vie quotidienne en accomplissant des sacrifices ou des actes de charité vraiment extraordinaires, mais avant tout de changer la disposition de notre cœur pour que chaque acte de notre vie, même celui qui nous semble le plus dérisoire, soit réalisé en union avec Jésus pour le salut des âmes. En 1936, sainte Faustine écrit : « J’ai demandé [à mon confesseur] au commencement du Carême de changer mon examen particulier et j’ai obtenu que tout ce que je ferais soit fait avec une intention purement réparatrice pour les pécheurs ; ceci me permet de vivre continuellement en union avec Dieu et cette intention perfectionne mes actions, car tout ce que je fais, je le fais pour les âmes immortelles. Toutes les peines et les fatigues ne me sont rien, quand je pense qu’elles réconcilient les âmes des pécheurs avec Dieu » (Petit Journal 619). Elle dit au Seigneur : « Pendant tout ce Carême, je suis une hostie dans ta main, Jésus. Sers-Toi de moi pour que Tu puisses entrer Toi-même chez les pécheurs. Exige ce qui Te plaît ; aucun sacrifice ne me semblera trop grand lorsqu’il s’agit des âmes » (Petit Journal 1622).
Offrir nos souffrances en union à celles de Jésus
Si nous sommes malades, ne soyons pas tentés de croire que nous sommes inutiles ! C’est tout le contraire ! Nous pouvons offrir nos souffrances en union à celles du Christ pour le salut des âmes, dans l’abandon et la confiance. Cette offrande a une très grande valeur aux yeux de Dieu (voir le magnifique texte du Pape Benoît XVI plus bas[3]). Le 2 février 1938, sainte Faustine écrit dans son Petit Journal : « J’ai commencé le saint Carême comme Jésus le désirait, m’en remettant complètement à sa sainte volonté et acceptant avec amour tout ce qu’Il me donnera. Je ne peux pas pratiquer de plus grandes mortifications [que celle-là], car je suis très faible. Ma longue maladie a complètement détruit mes forces. Je m’unis à Jésus par la souffrance. Lorsque je médite sa douloureuse Passion, mes douleurs physiques diminuent. » (Petit Journal 1625). Elle écrit plus loin : « J’ai ressenti aujourd’hui la Passion de Jésus dans tout mon corps et le Seigneur m’a fait connaître la conversion de certaines âmes » (Petit Journal 1627).
Il est vraiment important de prier et d’offrir ce que nous pouvons pour le salut des âmes. Vraiment, ne nous décourageons pas durant ce temps de Carême. Ne soyons pas tentés de considérer nos petits efforts sans valeur. Dans son Petit Journal, sainte Faustine écrit : « Le premier vendredi du mois avant la sainte Communion, je vis un grand ciboire rempli d’Hosties consacrées. Une main posa ce ciboire devant moi et je le pris dans ma main. Il y avait dedans mille Hosties vivantes. Soudain j’entendis une voix : “Ces Hosties ont été reçues par des âmes pour lesquelles tu as obtenu la grâce d’une conversion sincère durant ce Carême”. C’était une semaine avant le Vendredi Saint. Je passai ce jour dans un grand recueillement intérieur m’anéantissant au profit des âmes » (Petit Journal 640).
Pendant le Carême, prenons du temps pour adorer Jésus au Saint-Sacrement
Enfin, pendant ce temps de Carême, n’hésitons pas à rendre visite à Jésus, présent dans le Très Saint-Sacrement. Laissons-nous regarder et aimer par Jésus. Laissons-nous transformer par sa Miséricorde. Sainte Faustine écrit dans le Petit Journal : « Je me rappelle que j’ai reçu le plus de lumière pendant les adorations que je faisais une demi-heure chaque jour, durant le Carême, allongée les bras en croix devant le Très Saint-Sacrement. J’approfondis alors la connaissance de moi-même et de Dieu » (Petit Journal 147).
Conclusion
Le Carême est un “temps de grâce”, nous rappelle le Pape François, alors profitons-en ! N’hésitons pas non plus à demander pardon au Seigneur et à recevoir sa Miséricorde dans le sacrement de Réconciliation!
Autres citations du Petit Journal
Découvrez d’autres citations du Petit Journal en lien avec le Carême ci-dessous :
« Pendant les derniers jours du carnaval [juste avant le Carême], alors que je faisais mon heure sainte, je vis le Seigneur Jésus souffrant la flagellation. Oh, quel supplice inconcevable! Quelles terribles douleurs Jésus a endurées pendant la flagellation. Pauvres pécheurs, comment ferez-vous pour rencontrer au jour du jugement Jésus que vous torturez tellement maintenant? Son sang a coulé à terre, et la chair commençait à se détacher en certains endroits. Et j’ai vu dans son dos quelques os à nu. Jésus gémissait et soupirait. » (Petit Journal 188).
Pendant le Carême nous sommes appelés à nous exercer au combat spirituel unis à Jésus, comme nous y invite l’évangile du premier dimanche de Carême (Mt 4,1-17, Mc 1,12-15 ; Lc 4,1-13). Dans une vision au cours du Carême de 1934, Sainte Faustine aura une idée du combat qui se joue et dont l’enjeu est la vie de nos âmes : « À un certain moment, pendant le Carême, je vis au-dessus de notre chapelle et de notre maison une grande clarté et une profonde obscurité. J’ai vu le combat de ces deux puissances » (Petit Journal 307).
« Maintenant au cours de ce Carême, je ressens souvent la Passion du Seigneur Jésus dans mon corps ; tout ce que Jésus a souffert, je l’endure profondément dans mon cœur, cependant rien ne trahit extérieurement mes souffrances, seul mon confesseur les connaît. » (Petit Journal 203)
« Le Carême – Quand je me plonge dans la Passion du Seigneur, pendant l’adoration je vois souvent le Seigneur Jésus de la façon suivante : après la flagellation, les bourreaux emmenèrent le Seigneur et Lui ôtèrent son vêtement, qui déjà collait à ses plaies ; celles-ci se rouvrirent pendant qu’ils ôtaient le vêtement, alors on jeta sur les épaules du Seigneur et sur Ses plaies ouvertes un manteau rouge, sale et déchiré. Ce manteau atteignait à peine les genoux à certains endroits. On fit asseoir le Seigneur sur une poutre, puis on tressa une couronne d’épines, qu’on Lui posa sur la tête, et on Lui mit dans la main un roseau et tous se moquaient de Lui et Lui rendaient hommage comme à un roi, ils Lui crachaient au visage, d’autres prenaient le roseau et Le frappaient à la tête, d’autres Lui faisaient mal à coups de poing, d’autres encore Lui voilaient la face et Le frappaient à coups de poing; Jésus supportait tout en silence. Qui Le comprendra – sa douleur ? Jésus avait le regard baissé ; j’ai ressenti ce qui se passait alors dans son Cœur très doux. Que chaque âme médite ce que Jésus souffrait à cet instant. C’était à qui insulterait Jésus le premier. Je me demandais d’où venait une telle méchanceté dans l’homme, c’est le péché qui agit ainsi ‑ l’Amour et le péché se sont rencontrés. » (Petit Journal 408)
« Le Seigneur m’a dit : Je te prends à mon école pour tout le Carême, je veux t’apprendre à souffrir. J’ai répondu: Avec Toi Seigneur, je suis prête à tout, et j’ai entendu cette voix: Il t’est permis de boire au calice que je bois ; je te donne aujourd’hui cet honneur exclusif. » (Petit Journal 1626).
[1]Benoît XVI, Homélie du 1er mars 2006, Mercredi des Cendres.
[2] Saint Jean-Paul II, Message pour le Carême 2005.
[3] A Fatima, le 13 mai 2010, lors de l’adoration eucharistique, le Pape Benoît XVI s’est adressé aux malades en ces termes : « Mon frère, ma sœur, aux yeux de Dieu, tu as, « une valeur si grande que Lui-même s’est fait homme pour pouvoir compatir avec l’homme de manière très réelle, dans la chair et le sang, comme cela nous est montré dans le récit de la Passion de Jésus. De là, dans toute souffrance humaine est entré quelqu’un qui partage la souffrance et la patience ; de là se répand dans toute souffrance la consolation ; la consolation de l’amour participe de Dieu et ainsi surgit l’étoile de l’espérance ». Avec cette espérance au cœur, tu peux sortir des sables mouvants de la maladie et de la mort et rester debout sur le roc inébranlable de l’amour divin. En d’autres termes, tu pourras dépasser la sensation d’inutilité de la souffrance qui consume la personne au plus profond d’elle-même et la fait se regarder comme un poids pour les autres, alors qu’en vérité, la souffrance, vécue avec Jésus, sert au salut des frères.
Comment est-ce possible ? Les sources de la puissance divine jaillissent précisément au milieu de la faiblesse humaine. C’est le paradoxe de l’Évangile. À quoi le divin Maître, plutôt que de s’attarder à expliquer les raisons de la souffrance, a préféré appeler chacun à le suivre, en disant : « Prends ta croix et suis-moi » (Mc 8,34). Viens avec moi. Prends part, avec ta souffrance, à cette œuvre du salut du monde, qui se réalise à travers ma souffrance, par le moyen de ma Croix. Au fur et à mesure que tu embrasses ta croix en t’unissant spirituellement à ma Croix, se révélera à tes yeux le sens salvifique de la souffrance. Tu trouveras dans la souffrance la paix intérieure et même la joie spirituelle.
Chers malades, accueillez cet appel de Jésus qui passera près de vous dans le Saint-Sacrement et confiez lui toutes les contrariétés et les peines que vous affrontez, pour qu’elles deviennent -selon ses desseins- moyen de rédemption pour le monde entier. Vous serez rédempteurs dans le Rédempteur, comme vous êtes fils dans le Fils. Près de la Croix… se trouvait la Mère de Jésus, notre Mère. »